Le monde tient sur elles et sur eux, en faits. En faits concrets. Ce que l’on relève aujourd’hui, ce sont des faits concrets : soigner, ramasser les ordures, entretenir l’espace public, enseigner à distance, s’occuper des enfants, des vieilles, des vieux, des handicapé.e.s, de toutes celles et ceux qui en ont besoin, faire arriver le courrier, faire arriver les trains, traiter les dossiers, etc.
Le monde tient sur elles et sur eux, en fait.
Je l’avais déjà écrite cette phrase, et je pense que c’est après un entretien avec les médiathécaires de l’Ile de Thau. L’une d’entre elles, Mireille, lance ce terme, trop souvent abstrait : « service public ». « Si on tient, aussi, c’est parce qu’on a le sens du service public ». Et les autres, derrière elle, approuvent : « Ah oui ! » (C’est ici, vers la 28°minute).
Une autre, Francine, me raconte le discours d’une collègue, Mariem, au moment de sa titularisation : « Elle dit alors l’honneur qui lui est fait de pouvoir contribuer au service public ». Francine dit les frissons, l’émotion que cela lui a procuré. Cette incarnation du terme : Service public. (C’est là, juste en suivant vers la 29° minute).
Pour moi, ce n’était qu’un concept, une valeur à défendre de fait, essentielle, évidente, dans les rues souvent, ou lors de débats desquels je ne suis pas arrivée à m’échapper à temps (sachez-le, normalement, je fuis les débats, je trouve ça… inopérant on va dire. Le débat d’opinions contradictoires est à mon sens contre-productif et source d’un niveau sonore assez insupportable).
C’était, oui, concrètement abstrait. Concret parce que je sais bien que l’éducation, la santé, je ne les ai pas payées moi-même au prix qu’elles valent et je n’ai jamais râlé de payer des impôts. Abstrait parce que cela manquait d’incarnation, justement. J’ai peu connu d’agent.e.s du service public qui en parlaient si bien avant cet entretien.
Hier soir, dans une video relayée par France Info, une infirmière expliquait que si elle continuait à travailler comme elle le fait actuellement aux urgences d’un CHU, sans avoir pris plus d’une semaine de congés dans l’année, si elle accepte qu’on remanie en permanence son planning en fonction des arrivées du moment, c’est parce qu’elle est « au service du public. C’est notre métier. » Texto.
L’article suivant, dans le fil d’info de France info, c’est l’ARS de Nancy qui envisage toujours de supprimer quasi 600 postes et 174 lits dans les hôpitaux de la région.
Oui, c’est clair. Le monde ne tient QUE sur les gens de bonne volonté. Et à rebours de leurs tutelles, bien souvent. La prise de conscience du moment c’est que, si ces gens lâchent, ça s’écroule leur château de cartes, tout simplement.
Si nous pouvions nous rendre compte de la force que nous représentons, toutes et tous ensemble…
Et sinon, un ami me dit qu’il réécoute en ce moment Jacques Bertin, « Menace » et… ma foi…