Cela fait un moment que j’entends parler de laïcité en lieu et place d’athéisme. Au lieu de se dire « athée » on se dit « laïque ». Et cela contribue grandement, je le crains, à la confusion ambiante. Etre athée, c’est ne pas croire en Dieu, en une transcendance. On peut aussi se couvrir en cas de doutes en se revendiquant d’un agnosticisme, c’est-à-dire : « je sais pas trop, j’ai besoin d’y réfléchir, je verrai bien au moment du jugement dernier ». Bref, on a des mots pour dire l’incroyance et ce n’est pas la peine d’aller déranger la laïcité pour cela, qui a tant d’autres affaires à régler.
La laïcité n’est pas un état mais un mode d’organisation de la cité. Un.e croyant.e « peut » être laïque. Et j’aurais tendance à penser qu’il.elle « doit » être laïque, que c’est dans son plus grand intérêt.
Si l’on considère que la laïcité organise le fait religieux dans l’espace public, confère à toutes et tous les croyant.e.s de toutes religions et aux non-croyant.e.s une égalité de traitement… Toutes et tous devraient être fervent.e.s et ardent.e.s défenseu.r.se.s de ce qui nous permet de vivre ensemble sur un même territoire.
L’effet pervers de cette confusion, c’est que la laïcité est devenue, dans un imaginaire collectif bien disparate, comme un rempart qui s’opposerait aux religions. Mais la laïcité ne s’oppose pas, la laïcité compose. Tel était l’esprit de ceux qui – si intelligemment – sont arrivés à faire promulguer la loi de 1905 dans une volonté d’harmonisation de la société. On peut, bien sûr, s’opposer aux religions si telle est la conviction de certain.e.s mais en brandissant l’athéisme. Et laissons la laïcité nous permettre, malgré tout, de ne pas nous opposer trop violemment les un.e.s aux autres. C’est son boulot, à la laïcité, de nous tenir ensemble.